Bonjour, je m'appelle Polynn, et je suis gentille.
Bonjour Polynn !
Je sais pas pour vous les gentilles, mais moi, ces derniers temps, je commence à comprendre l'expression "Tends ta main à Martin, il te chiera dans la main". Avant je la connaissait, elle me faisait rire, mais ces dernières semaines, je commence doucement à comprendre sa signification, et pire : la ressentir au quotidien. Ma facheuse tendance à dire "oui" à tout et à me casser le c... pour aider mon prochain auront eu raison de moi. Et comme si on commencait une nouvelle année, moi je commence une nouvelle vie. Et avec elle, la décision de sortir de mon monde de bisounours et de paillettes, pour arreter de me laisser marcher sur les pieds. Voici, en quelques points, mes bonnes résolutions pour arreter le trop-plein de gentillesse, et, accessoirement, faire le tri dans vos copines qui vous prennent un peu (trop) pour des jambons.
Dire oui moins souvent, mais le faire avec bonne volonté.
"Po, ça te dérangerais pas de .... ?". Si, ça me dérange, mais comme je suis gentille, je vais dire oui. Ça me saouler, je vais râler contre moi-même et surement le regretter, mais je ne te le dirais pas parce que je t'aime bien. Au final, je ne suis pas satisfaite de t'avoir rendu service, et ça, c'est moche.
Et si, à la place, j'avais répondu "non" ? Auquel cas, peut-être que tu m'aurais expliqué pourquoi tu me demandais ça, et moi je t'aurais expliqué pourquoi ça me casse les c... de le faire. Comme t'es ma copine, tu m'en aurais pas voulu. Si t'était pas une bonne copine, tu me ferais la tronche, auquel cas j'aurais fait un petit tri parmis mes ami(e)s. De toute façon, tu aurais trouvé quelqu'un d'autre pour t'aider, ou tu l'aurais fait toi-même. D'une pierre, deux coups.
Je ne suis toujours pas rancunière, par contre, je pardonne moins facilement.
"Oh excuse moi d'avoir ..., je pensais pas que tu le prendrais mal." Si, je l'ai mal pris, très mal même. À vrai dire en te parlant, j'ai les boules et une furieuse envie de t'envoyer des noms d'oiseaux en pleine figure. J'admet pas ce que tu m'as fait, mais je vais te répondre que c'est pas grave, te trouver une excuse et faire genre "je t'en veux pas t'inquiète". Alors qu'en fait, je t'en veux terriblement. Et je vais ruminer ça pendant les dix prochaines années.
Et si à la place, je t'avais dit franchement que tu m'as fait un truc que j'ai pas apprécié ? "Ecoute machin, j'admet pas ça, je t'en veux." Toi, machin, tu vas m'expliquer le pourquoi du comment. Peut être que je te pardonnerais, peut être pas, mais en attendant on aura la conscience tranquille toutes les deux. Si t'es une bonne copine, tu vas vite comprendre le pourquoi du comment et t'excuser fissa. Si t'es pas une bonne copine, tu vas m'envoyer chier "tiens va bouder dans ton coin", et par fierté, c'est toi qui me fera la gueule -WTF-. Dans tous les cas, j'aurais la conscience allégée, et, dans le second cas, une hypocrite en moins dans mes contacts.
J'arrete de mentir.
Quand on est gentille, on ose pas trop vous dire les choses, de peur de vous vexer. Non, j'ai pas envie que tu viennes manger un kébab alors que j'ai prévu une soirée en amoureux. Non, je n'ai pas envie d'aller à cette soirée vaseuse où tu vas tenter pour la ènieme fois de séduire Truc. Non, je n'ai pas envie de te prêter cette robe toute neuve. Non. Non. Non. Pour éviter les vexations, on invente des excuses : "Oh, non, ce soir je mange chez machin !" (= en vérité, j'ai prévu une soirée télé à poil sur le canapé), "Oh, non, je suis malade !" (= je vais très bien, j'ai juste la flemme), "Oh, quel dommage, ma voiture est en panne !" (= j'ai pas envie de bouger de chez moi). Petits mensonges de rien du tout, en soit. Mais jusqu'où ça peut aller ?
Quelle relation d'amitié/d'amour est viable si on se permet de semer quelques mensonges par-ci, par-là ? Non, ce pantalon en simili-cuir ne te va pas du tout, il te fait un gros cul. Non, ce soir j'ai pas envie de sortir, une autre fois peut-être. Non, ce n'est pas une bonne idée d'envoyer un message à ton ex. Au moins, on peut se regarder dans un miroir et arreter de culpabiliser. Des copines se vexent ? Oh les filles, on est en 2016. On est libre de faire ce qu'on veut.
On ose. On ose. ON OSE.
Dire oui, dire non, dire la vérité. On ose porter des vetements qui ne sont pas sensés aller à notre silhouette. On ose envoyer chier son prochain. On ose refuser, on ose accepter. Et on emmerde le peuple à qui ça ne plait pas !
Être une gentille, c'est bien. Mais être heureuse, c'est mieux. Oui, votre changement risque de choquer votre prochain. Certains vous tourneront le dos, vous diront sur un ton dédaigneux "t'a changé", et vous pourrez répondre "non, j'ai évolué". Et vous sentir mieux dans votre peau.
