top of page

Réseaux sociaux et leurs cotés sombres

Intimidations, narcissisme, harcèlement, dépendances, bienvenue dans le nouveau monde des réseaux sociaux.

On y passe tout notre temps libre, on délaisse les livres ou les loisirs, on se détache peu à peu de nos valeurs ou de notre conjoint, on y passe des heures jusque tard dans la nuit et on les ouvre dès l’ouverture de nos yeux le matin ; les réseaux sociaux, plus que d’être des plateforme de partage avec ses amis, sont devenus de véritables addictions qui révèlent les cotés les plus sombre des Etres Humains et de la personnalité de chacun.

Il serait difficile de tous les citer tant de nouveaux débarquent sur la toile chaque mois, et tant leur succès est aléatoire : Facebook, Twitter, Instagram, Youtube… Vous avez un profil sur un, voir deux, voir trois, voir tous. Nos photos sont régulièrement actualisées, nos amis/followers de plus en plus nombreux (ou pas d’ailleurs), et il devient de plus en plus facile de fouiller dans votre vie privée affichée sans ménagement.

Certains diront qu’ils désirent simplement un grand nombre de suiveurs (je francise la chose, c’est fait exprès), sans raison. Pour l’égo, c’est agréable : 100, 200 likes sur nos photos, c’est agréable, c’est flatteur. Des commentaires élogieux, c’est encore mieux. Mais au fond, n’est-ce pas simplement la démonstration d’un grand manque de confiance en soi, au point de pousser le narcissisme à son maximum ? Personne n’a besoin de likes. Ca ne rapporte rien : ni argent, ni bonheur, ni métier à la clé, rien. Et pourtant, chaque jour on engage une nouvelle course, par tous les moyens ; se pencher en avant afin de laisser entrevoir un décolleté, s’afficher en short de bain ou en bikini au bord de la mer, se maquiller à outrance, se retoucher pour cacher les imperfections… Pour les comptes Facebook spécialisés dans l’équitation, les dérives sont toutes autres : des enrênements pour avoir un joli placement artificiel, des shooting en robe à cru et en cordelette, des obstacles de plus en plus gros, des débourrages de plus en plus tôt… Et chaque jour, la course aux likes engage une bataille contre le voisin, qui empiète sur la platebande de nos amis, qui ne sont plus que des fans, des inconnus qu’on a accepté pour garantir un important nombre d’amis. Qui a la plus grosse, version virtuel. Qui a le plus de like ? Qui a le plus de followers ? Qui a le plus de partage ? La course au gonflement d’égo se transforme peu à peu en réel narcissisme, les selfies se multiplient, des complexes grandissent.

Les Nombrils

De l’autre coté de l’écran, l’espionnage perpétuel des gens se transforme petit à petit en véritable enquête malsaine et en fanatisme dangereux. Il en convient donc de visiter le plus souvent possible le profil de l’autre, de tout savoir sur lui, de le connaitre comme un véritable ami que vous n’êtes pas. La passion qui vous liera à cet espionnage se transformera en dépendance ; vous devez aller voir son profil. Voir ce qu’il fait. Voir sa nouvelle photo. Voir avec qui il est. Devenir accro. Vouloir en savoir plus, toujours plus, de plus en plus. Dans la vraie vie, suivre de la sorte quelqu’un serait du harcèlement. Mais ce n’est que virtuel. Ca n’a aucun impact.

Mais le harcèlement sur les réseaux sociaux, là où les tyrans ne se cachent plus, cela existe aussi, et c’est monnaie courante. Prendre quelqu’un en grippe pour x ou y raison, rameuter des connaissances qui rameuteront des connaissances qui eux aussi, rameuteront des connaissances. Et cette petite communauté, pleine de fierté virtuelle, cachée derrière l’écran, pourra se défouler. Des insultes au harcèlement, il n’y a qu’un pas. Et même si ce n’est « que » virtuel, les impacts n’en seront que plus difficiles à supporter ; quand on est harcelé sur internet, à qui en parler ? Qui nous prendra au sérieux ? Pas de changement d’école ou de déménagement, ils seront toujours là. Ils vous retrouveront, parce qu’ils pourront facilement le faire. Alors que faire, faire le mort, se cacher ? Impossible, les réseaux sociaux sont bien trop omniprésents, impossible de s’en passer. Alors dans un premier temps, on supporte, on fait avec. Dans un deuxième temps on se défend, et les détracteurs afflueront en plus grand nombre. Dans un troisième temps, le mental s’affaibli, il devient trop dur de se défendre. Et là, la fragilité mentale qui s’est mise en place crée un cercle vicieux, et les conséquences seront plus difficiles à combattre. Et une personne harcelée, fragile, est sans défense. Peut-être que quelqu’un l’aidera, sûrement des parents ou de véritables amis. Peut-être pas, et la violence physique et mentale est de plus en plus douloureuse. Les histoires de suicide à cause de harcèlement sur les réseaux sociaux sont partagés en masse, sur ces mêmes réseaux qui sentent se sentir plus fort ceux qui ont le quotient intellectuel d’une cacahuète trop salée. Même si des sanctions et des plateformes d’aide se mettent en place pour protéger du harcèlement et de l’intimidation virtuels, rien n’est gagné. Il est bien trop facile de faire la misère à quelqu’un quand on a un écran pour se protéger des possibles représailles.

Sûrement que vous, lecteurs, vous ne vous reconnaissez pas du tout dans mes descriptions. A vrai dire, moi non plus. Je ne me sens pas narcissique -parce que j’ai confiance en moi-, je ne me sens pas espionne, je ne me sens pas tyran, je ne me sens pas harceleuse, ni même harcelée. En fait, je suis une femme qui fréquente les réseaux sociaux normalement. Je publie quelques statuts, je modère mes publications de photos détaillant ma vie personnelle, je n’ai pas mis le même prénom que celui qui est sur ma carte d’identité pour éviter d’être repérée dans la vraie vie par des gens louches ou des employeurs curieux… Mais si il y a bien une description dans laquelle je me retrouve, c’est la suivante : je suis accro aux réseaux sociaux. J’ai fais ce constat il y a peu, lorsque j’ai été privée d’internet à mon déménagement et où je ressentais un véritable manque de ces mêmes réseaux. Et là, c’est grave.

Car oui, quand on parle d’addiction, tout de suite des images nous viennent ; l’alcoolique avec sa flasque, le fumeur qui va s’en griller une, l’adolescent et ses jeux vidéos… Mais on peut devenir dépendant à n’importe quoi. Que ce soit alimentaire (comme le coca cola par exemple, ou le sucre, les deux étant addictogènes ainsi que tous les aliments qui en contiennent en grande quantité), gestuel (comme un TIC ou un TOC), tout peut nous rendre accro. En ce moment, on parle beaucoup de l’addiction aux smartphones. Mais on oublie cette addiction qui nous lie aux réseaux sociaux. Ce besoin irrationnel de s’endormir après avoir regardé son fil d’actualité, et de le consulter dès le réveil. Ce besoin irrationnel de regarder la vie des autres. Ce besoin irrationnel d’avoir des likes, de commenter, de partager. Cette manière irrationnel de délaisser les livres, les journaux, les médias, pour se concentrer sur un réseau. Cette addiction, toujours irrationnelle, qui fait rage à notre âge. J’ai peur pour nos jeunes. J’ai vraiment peur.

J’ai demandé leur avis sur la grande question des réseaux sociaux à quelques filles. J’attend le tiens en commentaire, lecteur, lectrice, si ce sujet te parle. Comme d’habitude, ici tu peux commenter en anonyme et t’exprimer sans retenue.

« Sur MSN, on m’appelait « face de brique », ils le mettaient dans leurs statuts pour m’insulter et/ou parler de moi. »

Anonyme.

« Mon copain était accro à Facebook. Il y publiait des photos de lui et des statuts, et des centaines de filles aimaient ou commentaient ses photos, le complimentaient, le surnommait affectueusement. Il avait besoin de tout ça, se sentait mal quand il avait moins de succès. Tout cet amour lui a monté à la tête, j’ai du lui mettre un ultimatum : ses fans/femmes, ou moi. C’est moi qu’il a choisit. Depuis, il a ralenti le rythme, et notre couple qui était en danger, est devenu plus sain. »

Anonyme.

« Il y a des avantages comme des inconvénients.

J'ai retrouvé l'eleveur de Chance's grâce à Fb, j'ai rencontré des amies grâce à Fb, j'ai rencontré celle qui m'a changé la vision du monde et de l'équitation.

J'ai vu à la télé une fille adoptée qui a retrouvée 25 ans après sa jumelle grâce à YouTube et Fb !

L'inconvénient reste le harcèlement, les insultes, les radicalisations, les affiches qui poussent au suicide etc… »

Maeva

(je n’avais même pas pensé aux radicalisations !)

« Je vous conseille de lire l’histoire Marion Fraisse. J’ai lu le livre écrit par sa maman ; poignant. »

Marion

« J’ai été harcelée via Facebook suite à ma séparation avec mon ex. Insultes, menaces, des photos de mon cheval malade disant que je le maltraitais, que c'était un pauvre cheval, rumeurs... etc. Cela s'est étendu sur Ask (ndlr : un réseau qui permet de poser des questions anonymes) et dans la rue. Ca a duré plus de deux ans, et il a faillit réussir à faire en sorte qu’on me retire mon cheval. Je la hais à un point indescriptible. »

Anais.

« C’est "grâce" à Messenger que j'ai appris que mon ex me trompait.

Tous les soirs, il les passait sur Messenger. Il attendait que je dorme et se mettait en vidéo avec sa p*** pendant que j'étais dans la pièce à côté.

Cette merde, c'est une super avancée technologique pour tromper sa copine en toute discrétion. Ça met en l'air une vie. »

Clémentine, qui allait acheter une maison avec ce même homme, et avec qui elle s’apprêtait à faire un enfant.

« Je pense que parler que des réseaux sociaux, ce n'est pas suffisant dans mon cas donc je vais raconter mon histoire "écrantesque".

Mes parents ont toujours étés contre ou presque vis à vis de l'utilisation des écrans quand j'étais enfant. Je regardais peu la télé et quand c'était le cas ils me mettaient des dessins animés ou des films intéressants en DVD. La console, c'était quasiment interdit. Je pouvais jouer à la nintendo game cube une heure par semaine avec ma soeur, jouer seule, ils ne voulaient pas.

Ca a commencer à changer quand j'ai eu 10/11 ans car j'ai commencé à jouer un peu sur l'ordi avec leur autorisation mais c'était assez limité en temps et ils filtraient les sites ou les jeux auquel je pouvais jouer.

J'ai eu ma nintendo DS à 9 ans pour la seule et unique raison que j'ai été opérée et que donc, comme j'étais en convalescence je ne pouvais rien faire dans mon lit à part jouer à la DS. J'ai ensuite eu mon propre ordi sur lequel je jouais d'abord puis plus tard vers 13 ans j'ai pu m'inscrire sur facebook.

La DS et la découverte de facebook a mis un terme à mon enfance. A partir de ce moment là, je n'ai plus du tout ou très peu joué avec des "vrais" jouets. Cette réflexion je me la suis faite avec du recul évidement. Je suis très heureuse que mes parents aient réagit de cette façon et je suis un peu triste quelque part de me dire que ce sont ces objets qui ont coupés mon enfance (ndlr : ces écrans qui font grandir si vite nos enfants). En dehors de ça, pour parler vraiment des réseaux sociaux, j'ai subit du cyber-harcèlement quand j'avais 13 ans. J'étais dans une passe difficile à cause d'un décès et mes meilleurs copines de classe, pour une raison pas très claire, n'ont pas accepté mon mal-être et ont commencés à m'insulter, me dire des méchancetés via facebook. Ca a ensuite pris une très grande ampleur quand toute la classe s'y est mise sur le groupe facebook de celles-ci. Ca ne s'est pas arrêté à facebook, en classe tout le monde se foutait de moi, me disait des choses méchantes et ça a été jusqu'aux oreilles du directeur qui nous a fait visionner un film sur le cyber harcèlement.

Mis à part cette mauvaise expérience, j'ai été "amie" avec une fille sur facebook. A cause de point de vue divergeant, cette personne a fini par m'adresser un statut sans citer mon nom en disant que je m'occupais mal de mes chevaux et en finissant ce très gentil message par : " je conseille à cette personne d'aller se pendre" ... Tout ça venant d'une personne de 25 ans qui en plus de tout est au contact d'enfants de par son métier. A côté de ça, les réseaux sociaux me permettent, et m'ont permis, d'acquérir beaucoup de compétences et d'informations sur les sujets qui me passionnent. J'ai aussi rencontré de gentilles personnes que j'ai pu par la suite voir en vrai, 2 en tout mais quand même !

Mon rapport à l'ordinateur, aux réseaux sociaux, aux vidéos est assez contradictoire. Dans un sens je trouve ça super que je m'en serve de façon instructive en majorité mais de l'autre je me sent vraiment addict et prisonnière. Je trouve que l'ordinateur en général est chronophage, qu'il m'absorbe trop et parfois me fait perdre du temps que je pourrais passer à voir mes proches ou à lire par exemple. Ce que je trouve particulièrement malsain, c'est l'étalage de vie que subissent les réseaux sociaux. Une autre chose qui me déplait beaucoup, ce sont l'image véhiculer par les youtubeuses beautés qui consomme à gogo, qui vivent une vie différentes tout en partageant cette vie avec des jeunes filles. Elles servent d'exemple à la jeunesse mais n'en sont pas toute de bon selon moi. »

Anonyme

« Moi je suis une sacrée addict a facebook! Même pire que la drogue! Dès que j’y vais pas au moins une fois par demi-heure, je me sens mal et agressive ! En manque quoi !

En plus même si c’est pour rien faire, juste aller sur Facebook (même en cours …) »

Amandine

« Les réseaux sociaux m'ont permis de faire des rencontres formidables dont des faceponeys qui sont devenu de réelles amies et d'autres qui ont été des amies mais ne le sont plus aujourd'hui. J'avais créé un blog, un faceponey (un peu comme tout le monde et j'ai été blasé par tout ça). J'ai jamais vraiment eu d'embrouilles sur facebook étant donné que je ne préfère pas prendre part aux différents débats quand je vois qu'il ne sera pas constructif. J’ai mon compte perso et une page pour ma louloute qui me sert plus de journal de bord pour moi que pour ceux et celles qui me suivent. Je me sens quand même addict aux réseaux sociaux enfin surtout à Facebook étant donné que je ne vais pas sur twitter et instagram. »

Coralie

« Personnellement j'ai été moquée, harcelée et humiliée sur fb par rapport a mon poids (70 kg pour 1m60 a l'époque) je me suis coupée de tout ça quelque temps mais les mots qui blessent ne s'oublient pas et n'ont fait que renforcer l'avis négatif que j'avais de moi... J'ai aussi de nombreuse fois été lourdement draguée par des mec que je qualifierais de limite "pédophile" et pervers. Les réseaux sociaux m'ont aussi permis de belles rencontres, dont une amie qui habite a 700km de chez moi, que je vois pendant les vacances et avec qui j'ai un lien très fort et ça m'a aussi permis d'apprendre des choses, de discuter avec des gens ayant des points de vue diamétralement opposés aux miens et totalement inconnus pour moi.

Il ya du bon comme du mauvais, reste a savoir faire le tri dans tout ça. Après je trouve que les réseaux sociaux ont pris une part immense dans la vie de beaucoup de gens (moi y compris) et prendre un peu de distance avec tout ça serait bénéfique pour tous je penses, dans le sens ou ça nous coupe des relation réelle avec les gens et ça obnubile pas mal de personnes qui ne vivent que pour ça, alors qu'au final ça ne représente rien, concrètement ca n'apporte pas grand chose (de mon point de vue évidemment) »

Melina

« Bon je vais tenter de te résumer la situation en la centrant sur le problème facebook.

En fait je me faisais harceler par un garçon a l'école depuis qu'on a 7 ans (poignet cassé à la primaire ce genre de trucs ). Je m'en étais débarrassé mais en 3eme il a tannait une nana et l'a envoyé à l'hosto et à donc finit dans mon collège. Mon enfer à commencé.

Il m'insultait en permanence sur mon physique (faut savoir que je suis assez gravement malade et que donc ça a entrainé un surpoids assez conséquent) et sur ma maladie .

Puis est arrivé le lycée, fait exprès même classe. Et la l'acharnement a commencé. C'était 24/24 et 7/7. Au début c'était que verbal, il m'insultait des qu'il me voyait et parlait de moi sans arrêt. Puis j'ai entendu dire qu'il mettait des trucs sur Facebook.

Et si j'arrivais à essayer de mettre de côté le côté verbal et permanent du harcèlement sur facebook ça s'est fait autrement. Il mettait toujours ces publications en public comme pour me narguer à croire. Et comme c'était régulier c'est devenu une obsession pour moi d'aller voir son mur pour voir ce qu'il mettait. Des vidéos de nanas rondes se faisant photoshopées ou il disait que finalement sur photo j'avais de l'avenir, que retouché je serais pas si dégueulasse et dégoûtante. Je suis donc entrée dans la spirale et je l'ai laissé m'atteindre. J'ai commencé à me mutiler et si je n'avais pas enfin parlé j'aurais certainement fait une TS.

Je trouve que Facebook c'est super dangereux pour les gosses. Surtout la tranche 13/16 ans, ils ont déjà bien des soucis à côté avec l'adolescence et tout prend vite une sacrée tournure sur Facebook.

Pour moi c'est un danger. Je m'en méfie comme la peste.

Et quand j'en parle avec mes élèves je leur déconseille de commencer si tôt. La semaine dernière des garçons ont raconte sur leur facebook qu'une gamine s'était filmé entrain de faire des choses assez osées et leur avait envoyé. Rien de tout ça n'est vrai et la gosse vient de ruiner son année de 3eme pour ça. Elle ne veut plus venir au collège comme ça a fait le tour de tous les gosses en 20 mi' de récréation. Je trouve ça super grave! »

Cindy

« Il y a 4 ans , j'ai subi ce qu'on appelle le harcèlement scolaire, sur tout les plans et Facebook en étant une grosse partie.... Insultes, menaces des centaines de messages sur mon physique, sur ce que je risquais à l'école... Le harcèlement me poursuivait jusque dans ma maison, je n'étais jamais tranquille... J'en ai parlé à ma maman et HEUREUSEMENT je n'aurais pas su supporter ça seule, je ne sais pas comment ça se serait fini.

Aujourd'hui j'ai surmonté tout ca mais je reste très méfiante sur internet... On a pas l'impression de s'adresser à un humain, on est moins rendre sur les moments et on a l'impression que ça ne touche personne sauf que si ça fait mal, ça nous hante, ça nous ronge… »

Abigaelle

Focus, l’avis d’une professionnelle :

Marion D. est professeur documentaliste dans un collège en région Parisienne. Chaque jour, elle côtoie des adolescents qui grandissent et se forgent au milieu des réseaux sociaux. L’utilisation de ces réseaux, elle les connait toutes et sur le bout des doigts ; du coté pédagogique à la prévention du harcèlement virtuel dans le milieu scolaire, c’est son quotidien. Elle raconte en exclusivité son expérience à LaMaladroite.com

Marion, en tant que professeur documentaliste, tu travailles au milieu d’adolescents sur des ordinateurs. Autorise-tu l’utilisation des réseaux sociaux dans ton CDI ? Pourquoi ? Comment tes élèves accueillent cette décision ?

Alors c'est une décision personnelle et qui n'affecte que moi et ma conscience : mais non je n'autorise pas mes élèves à aller sur les réseaux sociaux.

Je suis dans un collège de région parisienne, et l'ambiance est assez difficile ! On a pas mal de cas de harcèlement scolaire, que ça passe par les réseaux sociaux ou pas.

Qui plus est étant en collège, il ne faut pas oublier que la majorité de mes élèves n'a pas 13 ans !

De nombreuses études à propos du cyber-harcèlement démontrent que les jeunes sont les principaux touchés. Quelles mesures sont mises en place dans l’Education Nationale, dans ton collège et dans ton CDI, pour contrer ce fléau ?

C'est un des chevaux de bataille de notre ministre (Najat Vallaud-Belkacem), le cyber-harcèlement est en première ligne des mesures ministérielles. Donc on a eu des affiches, des circulaires, des directions, des formations ... après entre ce qu'on nous fournit comme outils et ce qu'on applique, il y a un gouffre. Les situations changent du tout au tout d'un établissement à l'autre ... ou d'un élève à l'autre.

Néanmoins on a pu mettre en place quelques trucs. Pas systématiquement mais ponctuellement dans des classes où l'on sent que ça part en sucette. Notamment la diffusion du reportage Infrarouge (passé sur France 2) où d'anciens harcelés témoignent. Ainsi que des parents, dont les enfants ce sont suicidés ... je cite souvent Marion Fraisse, dont la maman Nora a écrit un livre poignant.

De même il a été mis en place dans notre collège plus particulièrement des fiches signalement harcèlement, ou tout élève peut témoigner de quelque chose qu'il a subi ou vu.

C’est génial comme système ! Vous avez eu des retours de vos élèves grâce à ça ?

Alors là je peux pas te dire, ça a été mis en place fin 2015, j'ai pas encore eu de retour de la vie scolaire. Généralement les élèves sont réservés, par peur de représailles, ou tout simplement parce qu'ils sont peu enclins à "balancer" à l'adulte ...

Il n’est pas rare que les personnes harcelées, que ce soit physiquement ou virtuellement, envoient des signaux dont, la plupart du temps, ils ne se rendant pas compte eux-même. Quels sont-ils ? Vous, les professeurs, avez-vous appris a les détecter, et quelles sont les solutions que vous pouvez mettre en place quand vous remarquez un comportement suspect qui laisse à penser un harcèlement sous-jacent ?

On est pas tellement formés à ce genre de choses. On se retrouve confronté à un monde souterrain. Après tout, ce qu'il se passe sur les téléphones et les comptes facebook/twitter/instagram/snapchat/ask des élèves ... on en sait rien !

On peut voir ce qu'il y a sur notre nez, donc sur le terrain. On va voir les prise à parti, que ça soit en classe ou en récréation, on va voir le moral / les notes des élèves harcelés décliner. Et puis au plus grave on va voir les atteintes physique.

Ou des fois ce sont les parents qui nous alarment !

Mais des fois on le voit trop tard ... quand les enfants ont trop subi, qu'ils décident (ou les parents) de changer d'école. J'en ai déjà eu 2, très récemment. De plus beaucoup de profs ne connaissent pas les réseaux sociaux, n'ont pas vécu avec. La nouvelle génération de profs est plus à même de comprendre ce phénomène je pense.

Remarques-tu une corrélation entre la vie personnelle de tes élèves et leurs capacités à être harceleur ou harcelé ? Y’a t’il un « profil type » auprès des jeunes, qui font d’eux des meneurs ou des cibles de par leurs natures ?

Absolument pas ! Derrière un écran, en communiquant par clavier interposé, on se sent tout puissant. On est souvent étonnés de voir que les harceleurs virtuels ne sont pas des harceleurs dans la vie de tout les jours ! Mais l'anonymat, la distance, l'isolement chez soi, rend l'enfant tout puissant. Il est grisé par cette puissance. Et pour ce qui est du milieu social, il y a des harceleurs partout. Peut-être moins chez les classes les plus pauvres, parce que pas d'ordinateur ou d'internet à la maison

Aurais-tu des conseils à nous donner à nous, parents, grandes-soeurs, pour protéger nos jeunes et leurs inculquer de bonnes valeurs et de bons réflexes face à l’utilisation des écrans dans leur quotidien ?

Il fait les accompagner dans l'utilisation mais surtout les sensibiliser. Ne pas fermer les yeux face à un phénomène qui visiblement prend de l'ampleur ! Leur montrer l'utilisation correcte mais aussi ses dérives … Et je reste persuadée que si les réseaux sociaux sont interdits aux moins de 13 ans ... ce n'est pas pour rien !

Et vous les chats, vous avez déjà subit ça ? Quel genre d'utilisateur des réseaux sociaux êtes-vous ?

bottom of page