Pour ce premier article, laissez-moi vous contez une histoire ; l'histoire de Jivaro.
Jivaro est un jeune chien plein d'énergie et d'amour. Plus communément appellé "Nours", ou "Navaro" par mes amies, qui refusent catégoriquement de l'appeller par son vrai nom. Pour les intimes, on peut aussi l'appeller "Varo", ou "Doudou". De toute façon, lui, il s'en fiche. Tant que tu prends un air gâteux en t'adressant à lui -comme moi-, il viendra quelque soit la manière dont tu l'appelles.
Jivaro est né au début de mois de Décembre. Enfin, c'est que qu'à dit le vétérinaire. Il a aussi dit que c'était un "croisé léonberg". Il a pas du rajouter ses origines Rottweiller sur les papiers pour qu'il ai le droit de vivre. Il a été acheté par ses maîtres, puis six mois plus tard, il a été trouvé au bord d'une route, vers la forêt. Qu'est ce qu'il faisait là ? Pas besoin d'être un génie pour comprendre que la période d'abandon (début juillet) colle totalement avec les vacances scolaires. Passons. Prit en charge par la fourrière puis la SPA, Varo voit défiler beaucoup de maîtres potentiels qui font tous demi-tour. C'était à prévoir, la photo était un peu menteuse... L'air idiot au possible, prise d'au dessus donc impossible de déterminer sa taille, et son aversion totale pour les autres chiens n'était pas mentionnée (au contraire de son aversion imaginaire pour les chats, elle, elle était bien en majuscules).
Ca faisait... Deux ans. Deux ans que je gonflait M. Maladroit tous les jours avec mes histoires de clébard. Un peu comme dans un sketch : "j'peux avoir un chien ?" - "Non" - "J'peux avoir un chien ?" - "Non" - répété dix fois- "J'peux..." - TA GUEULE". En même temps, il avait pas tord M. Maladroit, on vivait en appartement dans une cité, il aurait pas été très heureux. Mais je m'accrochais à l'idée. Entre-temps on s'est vu accueillir un lapin nain -Colonel- et un chaton -Jabu-, mais moi je voulais mon chien. Je suis une princesse, j'ai tout ce que je veux depuis ma naissance alors je l'aurais mon chien. Jour merveilleux que fû le jour où nous avons quittés l'appartement sans nous retourner pour emménager dans notre belle maison, et avec elle la promesse de M. Maladroit "quand on aura une maison, tu l'auras ton putain de clébard". Vous m'connaissez, à peine installée et internet qui fonctionne, j'étais déjà sur leboncoin à la recherche du chiot idéal, mais nous n'étions pas d'accord ; lui voulait un labrador, moi un rottweiller/beauceron/bouvier bernois/tigre (n'importe quoi tant que c'est GROS). Big hasard de la journée, je tombe sur la page de la SPA du département voisin, et la photo de Nours est apparues en plein écran. Je m'en rappellerais toujours, l'homme qui me dit sans hésiter "Appelle-les, on va le voir !". Quand on connait M. Maladroit et sa capacité de tout faire à reculons -contrairement à ma manie de tout faire tête baissée-, croyez bien que RDV était prit dans la semaine.
La SPA, qu'on se mente pas, on a tous un apriori, sauf ceux qui y ont déjà adopté. On imagine ça noir, glauque, avec des aboiements déchirants, des chiens qui pleurent... Pas la joie. C'est avec cette idée que nous sommes arrivés là bas... Et quelle surprise ! Des grands enclos en herbe remplis de niches et de jouets, des gens qui se baladent avec les protégés, des sourires, des rires, du soleil... Arrivés devant Varo, il était exactement comme j'imaginais : gros avec un air débile. L'homme lui, il a eu très peur. "Oh le monstre !" qu'il a crié en plein dans le couloir -alors qu'on nous fixait déjà à cause de nos dégaines de métalleux égarés à la recherche d'un Rottweiller de combat-. Et oui, la photo était trompeuse... Face à nous, un ours : 80cm au garrot, 60kg facile, des poils à ne plus savoir quoi en faire, une tête de Rott', une queue hyper poilue et en arc de cercle... Ah il faisait pas de fier M. Maladroit quand le bénévole lui a collé la laisse dans la main ! Moi j'étais déjà sous le charme.
Oui mais y'avait un bémol. Sur l'annonce, y'avait marqué qu'il ne supportait pas les chats. Sauf qu'un chat, moi, j'en ai un. Une petite chartreuse de 6 mois, princesse comme sa mère, peur de rien mais un sacré sale caractère et habituée à être la chouchoute. Confiant, le bénévole m'assure qu'ils ne l'ont pas testé avec les chats, il l'emmène donc dans la chaterie du batiment, emplie de bébés chats trop trop choupis. Curieux, il a senti. Effrayés, ils ont crachés. Terrorisé, il s'est enfui. Ah oui, il est super féroce avec les chats le bestiau, ça se voyait quand il est parti la queue entre les jambes en pleurant.
La visite s'est bien passée, outre sa sale manie de bondir pour jouer avec les autres chiens -et un ours qui bondie, autant dire que le bénévole s'est souvent envolé-, l'éducation à faire, son esprit de fugueur, sa force d'Obélix quand il a faim... On a pas réfléchi, on s'est pas concertés. On est repartis, le chien dans le coffre du Scénic, papiers en main, chèque d'adoption signé -par mon homme, pour mon anniversaire, merci chéri-.
Aujourd'hui, qu'on se mente pas, faut se le taper au quotidien le lourdeau. Déjà, faut subir le regard des autres, les papis/mamis qui changent de trottoir en nous croisant -on est habitués avec nos styles-, les nombreuses enquêtes pour savoir où il va quand il fugue, son rôle de chien de garde vite dépassé par l'envie de câliner le facteur -qui ne descend plus de la voiture-, son trait de caractère brutus qui ne contrôle pas sa force, le fait qu'il est plus haut que la table basse et que quand il saute, il fait notre taille, ses cauchemars, son aboiement de Yorkshire... Et les cours au club canin, toutes les semaines. Mais à coté de ça, qu'on se mente pas, c'est une boule de bonheur. Je peux lui apprendre toutes les conneries du monde -assis, couché, donne la patte, debout, saute-mouton, pan t'es mort-, il le fera juste pour me faire plaisir.
Ca fait maintenant 3 mois et 3 jours qu'il fait partie de la famille Maladroit, et on ne regrette pas !
Pour éviter des tas de Jivaro en cage dans les assos, s'il-vous-plait, réfléchissez avant d'acheter un chien.
